Quand crient les lapins

Depuis quelques années, L214 a réussi à porter le sujet de la maltraitance animale sur la place publique. Grâce à leurs actions exemplaires, le débat est sorti du giron associatif pour gagner les médias et le grand public. Mais mardi 9 octobre dernier, un pas de plus a été franchi. L’émission très populaire Cash Investigation a consacré la dernière partie de son émission « Les dessous du luxe » à la souffrance animale. 40 minutes, en prime time, consacrées à ce sujet qui, moi créatrice de mode vegan, me tient particulièrement à cœur. Je n’en croyais pas mes yeux…

La journaliste Zoé de Bussière a enquêté avec poigne et courage pendant 1 an dans ce secteur pour dévoiler aux yeux des 2.4 millions de téléspectateurs, l’envers du décor de cette industrie qui fait pourtant tant rêver certains. Ce soir-là le rêve ne sentait pas bon, il avait même une odeur carrément nauséabonde.

Tanneries à l’italienne

Après une première partie consacrée aux tanneries Italiennes dont le cuir qui en provient fait la fierté, des marques de maroquinerie qui s’approvisionnent dans les « meilleures peausseries du pays ». Certaines marques en ont même fait un argument marketing, un gage imparable de qualité et d’éthique.

Leur fierté, ce soir-là, a dû en prendre un sacré coup. Sous-traitants qui exploitent voire maltraitent carrément des travailleurs étrangers, conditions de travail lamentables et dangereuses, fléau écologique. D’un coup, les plus belles peausseries ne semblent plus si belles. Que je suis heureuse de faire des sacs vegan sans cuir, des sacs sans matière animale, des sacs sans cruauté.

Le prix de la torture

Après la deuxième partie consacrée à la fabuleuse évasion fiscale de la maison Kering, la journaliste s’est penchée sur la fourrure. Tout est parti d’une veste en lapin d’une célèbre marque italienne. Cette petite veste à 1600€. pourtant fabriquée en Chine, a attisé la curiosité de la journaliste. Elle a remonté la filière des fournisseurs et retrouvé la fameuse veste de la marque italienne. La suite est juste immonde.

Dans les « fermes d’élevage », des cages exiguës à perte de vue, dans lesquelles s’entassent les lapins. En Chine, premier pays producteur de fourrure, aucun droit ne s’applique à ces animaux qui sont à la merci de ceux qui les manipulaient de leur naissance jusqu’à leur mort. La mort parlons-en. Une fois les membres brisés après avoir été jetés des camions, ils sont suspendus, égorgés puis dépecés.

Comme la journaliste a très bien fait son travail, elle a demandé l’avis d’un expert vétérinaire sur ces conditions d’abattage. Cet expert a d’abord confirmé qu’un lapin ressent la douleur comme un humain puisque nous sommes dotés du même système nerveux.

En visionnant les images de l’abattoir, il a aussi confirmé l’impensable : trop peu de temps s’écoule entre l’égorgement et le dépècement pour que l’animal soit en mort clinique. Les lapins dont la fourrure a servi à fabriquer cette petite veste ont donc été écorchés vifs. La torture à un prix, là elle vaut 1600€, le prix d’une veste.

Les temps changent

Il y a encore 2 ans, jamais le reportage d’une telle émission n’aurait pris l’angle de la souffrance animale. Je me souviens d’un Envoyé spécial, il y a quelques années, dont le titre évocateur était « Le retour de la fourrure » qui n’avait pas du tout appuyé sur la souffrance animale.

D’ailleurs, une jeune femme d’un cabinet de tendance disait que la fourrure n’est plus honteuse et que les méthodes des activistes étaient dépassées, que les gens en ont marre de voir d’images-chocs.

Peut-être que les méthodes trash des filles posant nues ou des militants faisant irruption sur les podiums ont vieillies. Aujourd’hui les images-chocs s’intègrent au débat de société et on peut parler de la souffrance animale sans hystérie et avec recul.

Lorsque Élise Lucet choisit de clore ce Cash Investigation sur la souffrance animale et qu’elle invite sur un même plateau, Franck Sorbier, un chercheur dans la mode et Sebastien Arsac, on ne peut pas s’empêcher de penser que les temps ont vraiment changé.

1 commentaire

Pas à pas, la prise de conscience d’un vrai respect de tous les vivants et d’une reconnaissance de la condition animale progresse. Le contenu de l’ émission Cash Investigation et son audience en sont les témoignages. L’éclosion de jeunes pousses dans l’ économie végane, leur développement et leur visibilité grandissante montrent que les destins sont plus que liés. Le monde évolue …. dans le bon sens Amandine,
Amandine 02 novembre 2018

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